Ce début d’avril, nous venons de perdre un maître à danser, un ami très cher, et un musicien passionné.
Le Danseur.
Très jeune, Marcel Beaujean s’intéresse à la danse : il participe à des stages de danses renaissance et médiévale d’abord, danses traditionnelles de Wallonie,de France et des régions méditerranéennes ensuite.
En 1970, il devient le maître à danser des « Baladins de Taillevent », une jeune troupe de danseurs de la chevalerie de l’ordre du Chuffin à Theux,et préparant les danseurs pour les spectacles au Château de Franchimont. Intronisé en 1973, il en devient « Commandeur» en 1988. et y consacrera sa vie jusqu’au dernier jour.
Voici plus de 50 ans, il a su reconstituer les chorégraphies et attitudes des danses anciennes d’après l’Orchésographie de Thoinot Arbeau (traité de danses françaises du 16e siècle). Sa réputation lui a valu une invitation au colloque international de danse ancienne à Ganden 1986. Cet événement a été un nouveau point de départ, grâce à la rencontre de professeurs étrangers et à leurs conceptions de la danse. Au cours de ses différents voyages, il devient aussi spécialiste des bourrées, et aussi des danses de Croatie, Roumanie et autres pays des Balkans.
Il a animé régulièrement des stages de danse à Borzée ou au sein de la Fédération wallonne des groupes de musique et danses traditionnelles mais aussi à Paris,Quimper, Barcelone, et a participé à Danses Université,organisme interuniversitaire sur l’étude de la danse.
Le Musicien.
Dès son jeune âge, il se passionne et se met à collectionner instruments, partitions, et ouvrages relatifs aux musiques traditionnelles.
En 1999, il intègre le groupe Vieldéon (Mons, avec Jean-Marie Verbaeys), comme animateur de danses, puis,très vite monte surle podium en tant que musicien :épinette, bohdran, tapan, et aussi accordéon diatonique.
En 2003, il intègre le collectif Sagepi, ensemble franco-belge, de la région de Mons et Lille.En 2010, il fonde le trio « les djoweus d’danses » avec Philppe Nizet (cornemuse) et Jacques Lognay(guitare),avec lesquels il jouait très régulièrement, et a encore assuré le dernier réveillon folk en Ardennes.
L’Ami.
Marcel était très discret, voir muet pour parler de lui, et de sa vie. Dans les dernières années, sa vue le faisait souffrir, surtout de ne plus pouvoir conduire, et voyager.Mais cela ne l’empêchait pas de voir les pieds de travers de ses Baladins… Par contre, il était intarissable sur ses danses, ses stages et ses maîtres. Il avait tout dans la tête, et malheureusement, ne nous a pas laissé beaucoup d’écrits.
Il aimait aussi se retrouver avec d’autres musiciens à faire le « boeuf» chez Lucien et Bernadette Thonon ou au « Son continu » dans le Berry. Il avait aussi commencé à former quelques amis à l’animation et aux chorégraphies, en espérant qu’ils persistent dans sa passion de la danse et de la musique.
Marcel est parti beaucoup trop tôt. Il vient, comme le Chuffin, la chouette du Château de Franchimont, de survoler la cour d’honneur, remplie de musiciens et de danseurs.
Jacques Ista
(paru dans le Canard Folk de mai 2017)