Si vous aimez les moules, vous connaissez certainement le village de Yerseke, sur l’Escaut oriental en Zélande. C’est là qu’est établie l’unique criée aux moules du pays.
Mais vous serez surpris aussi de découvrir un monument à la gloire du rommelpot.
Le rommelpot ou tambour à friction est constitué d’une caisse de résonance (souvent un pot en grès) recouvert d’une membrane (vessie de porc ou de jument) avec une tige de bois ligaturée sur le milieu de la peau du tambour. Le joueur frotte la tige avec un chiffon humide afin de produire le son.
Cet instrument populaire est connu partout (il prend le nom de zambomba en Espagne, de cupa-cupa en Italie, petadou en Provence, de cuica au Brésil).
On peut aussi le voir représenté sur les peintures de Pierre Breughel (Le combat entre le Carnaval et le Carême), de Jan Steen ou Frans Hals (Rommelpot).
Aux Pays-Bas on rencontre le mot foekepot ou comme à Yerseke, koenckelpot.
Sur la place du village, le sculpteur Wim Bakker a imaginé un gros bloc de granit qui supporte huit instruments en acier ; les paroles de trois chansons décorent trois faces du monument, l’explication du monument occupant le dernier côté.
La tradition voulait que les enfants aillent chanter la veille du Nouvel An accompagnés d’un rommelpot pour récolter quelques friandises.
Les plus populaires de ces chansons se retrouvent sur le monument érigé à Yerseke.
ik heb zo lang met de koenckelpot gelopen
En ik heb zo lang met de koenckelpot gelopen,
vrouwtje doe je deur eens open,
schipper trek je zeil eens op,
gooi wat in m’n koenckelpot.
Alle bakkerij, alle bakkerij,
geef me een centje, dan ga’k voorbij.
Dubbeltje op de planke, ‘k zal j’r voor bedanke.
Pief, paf, spaar, morgen is het nieuwe jaar.
Ouwe jaar uit, nieuwe jaar in,
de bozze staat open en steekt er maar wat in.
Et j’ai marché longtemps avec le koenckelpot,
femme, ouvre donc la porte,
skipper, lève ta voile,
Jette quelque chose dans mon koenckelpot.
Tous les petits gâteaux,
Donnez-moi une pièce, alors je m’en vais.
Votre dîme sur le plateau, je vous remercierai
Pif, paf, épargne, c’est demain la nouvelle année.
L’ancienne année s’en va, la nouvelle arrive,
La bourse est ouverte et mets-y quelque chose.
Het mossellied
Aan de boorden van de Schelde, in een hoekje aan de dijk.
Daar ligt mijn oude Yerseke, daar voel ik me zo rijk.
Een mooi en groot verleden, een toekomst in ‘t verschiet.
Van oesters en van mosselen, wie kent ons Yese niet?
Daar in de pellerij, zingen we allen blij,
holari o holio, mossellario.
Daar klinkt de ganse dag, steeds weer die gulle lach,
holari o holio, mossellario.
Sur les rives de l’Escaut, dans un coin de la digue.
Là se trouve mon vieux Yerseke, là je me sens riche
Un beau et grand passé, un avenir à l’horizon.
D’huîtres et de moules, qui ne connaît pas notre Yese?
Là, dans le décorticage, nous chantons tous heureux
holari o holio, mossellario.
Cela sonne toute la journée, et toujours le rire
holari o holio, mossellario.
Klein zieltje
Klein zieltje, klein zieltje zat achter de trap.
Klein zieltje, klein zieltje die lustte geen pap.
En als ze geen pap lust, dan eet ze maar brie,
en als ze geen brie lust, dan eet ze maar nie.
Petite âme, petite âme était derrière les escaliers.
Petite âme, petite âme qui n’aimait pas la bouillie.
Et si elle n’aime pas la bouillie, alors elle mange du brie,
Et si elle n’aime pas le brie, alors elle ne mange rien.
Le site de la Fanfare de Yerseke (d’où provient la photo ci-dessus, de 1930) : www.koenckelpotfanfare.nl/index.htm
Micheline et Guy Vanden Bemden
(artcle paru dans le Canard Folk de janvier 2011)