C’est une chouette valse écossaise dont nous avons publié la partition en février 2015 (n°355), en écrivant qu’elle avait été composée par Robert Burns, le “poète national écossais”, en 1791. Puis, en avril dernier, nous présentions le cd du McDonnell Trio qui interprète cette valse avec les paroles en mentionnant dans le livret “de Robert Burns” sans préciser si les paroles, ou la musique, ou les deux étaient de Burns. Cela nous a rappelé que Burns est aussi connu pour avoir mis ses textes sur des airs existants. Serait-ce le cas ici ? En route pour Wikipedia …

Wikipedia nous dit que Burns a choisi l’air The Caledonian Hunt’s Delight. Cet air est lui-même le sujet d’un autre article très détaillé. Il figure dans le second volume des Gow (célèbres violonistes écossais, et éditeurs de musique écossaise) dédicacé aux “Noblemen and Gentlemen of the Caledonian Hunt”; il y est noté comme composé par M.Miller d’Edinburgh. Il s’agit d’un certain James Miller, écrivain et employé administratif.

En 1794, Robert Burns écrivit ceci à son éditeur Thomson : Connaissez-vous l’histoire de cet air ? Il y a déjà pas mal d’années, M.James Miller était en compagnie de notre ami l’organiste Stephen Clarke, parlant de musique écossaise. M.Miller exprima son intense ambition d’être capable de composer un air écossais. M.Clarke, en partie pour plaisanter, lui dit de s’en tenir aux touches noires du clavecin et de conserver un certain rythme – il composerait ainsi infailliblement un air écossais. En quelques jours, M.Miller produisit les rudiments d’un air, que M.Clarke corrigea et améliora, arrivant ainsi à l’air en question.

Mais pour vous montrer combien il est difficile de retracer l’origine de nos airs, j’ai entendu de manière répétée dire que c’était un air irlandais. Un gentleman irlandais m’a dit qu’il l’avait entendu chanter par des femmes âgées. D’un autre côté, une comtesse m’a dit que la première personne à avoir introduit cet air en Ecosse était une baronne de sa connaissance qui avait noté l’air joué par un cornemuseux itinérant sur l’île de Man.

Ce n’est pas tout : des musicologues anglais comme William Chappell ont fait remarquer que l’air ressemblait à “Lost is my quiet for ever” dans Apollo’s Banquet (1690) de Playford … et lui assignent une origine anglaise.

Enfins, notons que les Caledonian Hunt étaient une organisation qui aidait financièrement Robert Burns.

Ci-dessous, tiré des fins fonds de ma bibliothèque, l’air publié dans le recueil de Niel Gow, avec la référence à James Miller en bas de page. Les amateurs verront qu’il y a pas mal de petites différences par rapport à l’air que nous conaissons. Si vous voulez recevoir le fichier midi de la partie mélodique avec les ornementations, écrivez-nous.

Marc Bauduin

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