Le 29 septembre dans la très jolie salle de la Ferme de la Dîme à Wasseiges, cinq jeunes groupes sélectionnés par le Canard Folk sont venus faire danser un public nombreux, jeune et enthousiaste.

C’était un concours sous forme de bal. Un concours, mais pas uniquement. Le document envoyé aux groupes précisait :

“Le but de cette soirée n’est pas qu’un simple concours. C’est aussi de vous faire rencontrer d’autres musiciens, de vous faire connaître auprès d’organisateurs (certains seront présents), et de vous faire profiter des conseils de personnes (le jury) expérimentées dans le monde folk et plus largement dans le monde du spectacle.

Les principaux aspects sur lesquels les membres du jury vous jugeront avec toute leur sympathie sont :

• la manière de vous présenter

• le jeu de scène

• la qualité musicale : mélodie, rythme, arrangements, jeu d’ensemble, dansabilité

• la manière d’annoncer les danses et, si nécessaire, de les expliquer : une manière claire, succincte, correcte, qui ne coupe pas l’ambiance.”

 

On peut dire que les cinq groupes ont bien préparé leur prestation et ont tous procuré beaucoup de plaisir aux danseurs et aux auditeurs ! Ce n’était pourtant pas simple a priori sur une aussi courte durée (une demi-heure chacun). Certains de ces groupes sont plus orientés vers le concert mais ont choisi de s’essayer au bal, avec succès. Passons-les brièvement en revue, dans l’ordre chronologique de leur passage.

Seltrad, six jeunes de la région d’Arlon, ont eu la lourde tâche de commencer les premiers, alors que tout le public n’était pas encore arrivé. Ils mettent en œuvre une grande diversité d’instruments, de la harpe celtique à la batterie en passant par le violon, l’accordéon, la cornemuse et la contrebasse. Leur musique est énergique et inventive, notamment une belle composition en forme de rondeau.

Kermès, c’est trois jeunes de Tournai qui étaient quatre jusqu’en juillet dernier, lorsque la violoniste Angèle Depret est brutalement décédée. Leur musique très dansable s’est révélée originale lorsqu’une tarentelle s’est dotée d’une introduction balkanique fort plaisante. Ils ont eu la surprise – et nous aussi – d’une panne de secteur heureusement brève, durant laquelle ils ont eu la bonne réaction : continuer à jouer, sans micro, dans la pénombre.

Cave Canem, quatre musiciens habitant Bruxelles et venant d’horizons différents, a séduit par son dynamisme, sa forte présence sur scène, son excellent contact avec le public. Une mélodie de bourrée a été jouée en bourrée, en polka et en valse, ce que les danseurs ont apprécié.

Le duo d’accordéons diatoniques Chapeaux Bas a également eu un excellent contact avec le public. Les deux jeunes, affublés l’un d’un curieux bonnet portugais et l’autre d’un chapeau, ont installé une présence avant même de commencer à jouer. Ils furent les premiers à chanter, qui plus est sur une de leurs compositions.

Enfin, les trois musiciennes de Voie3 ont joué de belles mélodies traditionnelles wallonnes, très dansables, qui nous faisaient agréablement remonter dans une autre époque. Elles furent les seules à donner de bonnes explications des pas, courtes et efficaces. La clarinette, élégante, ne manquait pas d’humour.

Alors, qui désigner comme gagnant du concours ? Comparer des groupes ayant des expériences et des styles différents n’est certes pas évident. Il s’est cependant vite dégagé une majorité au sein du jury pour considérer que, si un seul des cinq groupes devait être engagé pour un bal, ce serait Cave Canem. Tout en jugeant que les autres groupes étaient également très chouettes.

On comprend bien sûr le désappointement des autres groupes. Mais on se demande, du coup, si on n’aurait pas dû se limiter à une rencontre de jeunes groupes, sans concours. Pas simple. Ce n’est que la première fois que le Canard Folk organise un concours de ce genre, et il y a certainement matière à réflexion.

Toujours est-il que le jury était composé de Benoît Postic (Ferme de la Dîme, pour l’aspect scène), MicheuStef (pour la danse), Robert Meert (de la Cabane), Michel Notredame (de Rif’zans l’Fièsse) ainsi que, pour le Canard Folk, Robert Kohlman et Marc Bauduin.

Après la proclamation et les explications détaillées du jury à chaque groupe, des jams ont continué dans la salle et dans le bar, jusque trois heures du matin.

Cave Canem a gagné une interview dans le Canard Folk et, cerise sur le gâteau qui s’est ajoutée après le lancement du concours, un contrat avec Rif’zans l’Fièsse.

Un tout grand merci aux groupes, aux danseurs, aux bénévoles, à l’excellent sonorisateur et à la Ferme de la Dîme pour cette magnifique soirée !

Marc Bauduin

 

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C’est vrai ? Vous n’y étiez pas ? Alors là vous avez raté quelque chose !

C’était super ! Les jeunes ? Y a que ça de vrai, pardi !

Des jeunes oui, mais certainement pas des débutants. On peut franchement dire qu’ils étaient tous à la hauteur.

C’était un gros pari pour nous, imaginez : 5 groupes à sonoriser en un bal. Mais le pari est gagné à plus d’un titre. Il faut dire que ces 5 groupes ont vraiment joué le jeu à fond avec beaucoup de bonne volonté.

Je pense vraiment que c’est une expérience à refaire. Bon, c’est vrai, il y a des choses à améliorer. Par exemple : si nous reproduisons ce « bal des jeunes », ce sera peut-êre sous forme de rencontre en oubliant le concours. En fait, nous pensions qu’il fallait une « carotte » pour faire venir les jeunes.

Mais finalement, si nous demandions leur avis à ces jeunes ?

Alors, vous les jeunes folkeux : Etes-vous demandeurs d’une telle soirée de rencontre ?

Jeunes musiciens, viendriez –vous, même s’il n’y a pas de « carottes » ?

Et d’abord, quelle est votre définition de “jeunes” ? Et de “folk” ?

Robert Kohlman

(article paru dans le Canard Folk en novembre 2007)