En Suède, la nuit du 30 avril au 1er mai est connue sous le nom de « nuit de Walpurgis » ou fête de Valborg (Valborgsmässoafton), symbole de la fin de l’hiver. De grands feux sont allumés dans les campagnes pour chasser l’hiver et la population se laisse aller aux chants et aux danses, honorant ainsi l’arrivée du printemps. Tout le monde sait qu’il peut encore neiger au mois de mai , mais peu importe, le printemps est bien là!

Valborg ou Walpurgis a pour origine le nom de la sainte Walburge, abbesse anglo-saxonne qui a évangélisé l’Allemagne au VIIIe siècle. Walpurgis est considérée comme le symbole de la fertilité de la terre. On allume des feux pour faire fuir les sorcières, censées se rendre à leur sabbat, mais aussi pour éloigner les animaux sauvages des pâturages.

Une vieille tradition du sud de la Suède consistait pour les jeunes à rassembler des rameaux et des branches dans les bois au crépuscule, pour ensuite orner les maisons du village. La récompense était d’être payé avec des œufs.

La tradition la plus répandue dans le pays est probablement de chanter des chansons de printemps. La plupart de ces chants viennent du dix-neuvième siècle et sont très répandus dans les fêtes d’étudiants. La tradition est encore plus forte dans les villes universitaires comme Uppsala et Lund. Les étudiants de tous les âges, portant fièrement leurs casquettes blanches, se rassemblent depuis le matin jusque tard dans la nuit du 30 avril ou comme les Suédois l’appellent « sista April » (« le dernier jour d’avril ») .

On mange aussi alors un plat traditionnel pour Walpurgis : le gravlax ( du saumon frais mariné dans du sel, du sucre et de l’aneth).

Voici une chanson suédoise au répertoire des Epineus : “Vårvindar friska.” Les paroles évoquent avec sentimentalité ce moment de l’année . La mélodie ne doit pas être jouée trop rapidement.

Varvindar friska (Suède)

Varvindar friska (Suède)

Vårvindar friska leka och viska
lunderna kring likt älskande par.
Strömmarna ila, finna ej vila,
förrän i havet störtvågen far.
Klappa mitt hjärta, klaga och hör,
vallhornets klang bland klipporna dör.
Strömkarlen spelar, sorgerna delar
vakan kring berg och dal.

Hjärtat vill brista, ack, när den sista
gången jag hörde kärlekens röst
ögonens låga, avskedets plåga,
mun emot mun och klappande bröst.
Fjälldalen stod i grönskande skrud.
Trasten slog drill på drill för sin brud.
Strömkarlen spelar, sorgerna delar
vakan kring berg och dal.

Les vents frais du printemps jouent et murmurent
Dans les bois comme des amoureux..
Les torrents dévalent sans repos et précipitent
Dans la mer les eaux limpides des montagnes.
Bats, mon coeur, plains-toi et écoute,
Le son du cor du berger meurt dans les collines.
L’ondin joue et entraîne par son chant
Les chagrins dans les vallées et les montagnes.

Mon cœur va se briser, hélas, pour la dernière fois
J’entends la voix de l’amour :
Les yeux brillants, les tourments du départ,
Mon baiser sur ta bouche, les coeurs battants.
Les vallées des montagnes étaient verdoyantes,.
La grive a gazouillé et chanté pour sa jeune mariée..
L’ondin joue et entraîne par son chant
Les chagrins dans les vallées et les montagnes.

Strömkarlen : dans la mythologie scandinave, l’ondin ou génie des eaux joue du violon pour attirer les femmes ou les enfants dans les lacs ou les rivières. Il n’est pas considéré comme un être malfaisant.

Une peinture célèbre représentant “Strömkarlen ” (1884) Ernst Josephson (Château du Prince Eugène, Musée Waldemarsudde, Stockholm)

www.waldemarsudde.se/ernst_josephson_e.html

Guy et Micheline Vanden Bemden – Casier

(paru dans le Canard Folk en mai 2007)