Marie-Louise Carels vient de réécouter le cd « Sur les quais de Dublin » de Gilles Servat, et vous propose cette chanson (paroles et musique de Gilles Servat) qui, dit-elle, exprime particulièrement bien une belle conceptiondu folk :

 

Gilles Servat

Il y a des chansons pour bercer les enfants
D’autres qui réveillent la révolte endormie
Il y en a d’autres comme un cheval soumis
D’autres ont la violence du meurtre et du sang

Refrain
Chantez la vie, l’amour et la mort
Les saisons, les rêves, le travail et la grève
Aux champs, à l’usine, chantez vos efforts
La chanson peut tout dire, le meilleur, le pire
Les chants populaires ne font pas d’exception
La joie des naissances, la pourriture des os
Des chants de travail et des chants de repos
Voilà ce qu’on trouve dans la tradition

On veut la réduire à la distraction
On dit qu’elle doit nous faire oublier la vie
A qui ça profite qu’on oublie la vie
Qu’on fume du rêve, bien planant, bien con

Pour faire des chansons, pour savoir chanter
Pas la peine d’être dans le génie taille
Il faut simplement apprendre et travailler
Ce n’est ni prodige, ni facilité

On peut être heureux de savoir chanter
On peut être heureux de ce qu’on a écrit
D’avoir réussi une jolie mélodie
Mais d’être chanteur, pas de quoi se vanter

Les chanteurs ne sont pas des gens à part
Et ce qu’ils font tous, vous pouviez tous le faire
Si vous n’le faites plus, c’est qu’on vous a fait taire
Pour vous rendre muets, on vous donne des stars

N’admirez donc plus l’individu bourgeois
Ne laissez pas sa classe parler à votre place
Prenez la tradition et marchez sur ses traces
C’est le peuple qui parle et c’est votre voix

(paru dans le Canard Folk en novembre 2012)