Louis Banneux

Le romancier et conteur ardennais Louis Banneux (1869-1932), féru de traditions populaires, a publié en 1912 aux éditions J.Lebègue à Bruxelles, un ouvrage de 253 pages intitulé L’Ame des Humbles, où il décrit des morceaux de vie de types populaires comme la marchande de fleurs, le rétameur, le braconnier … Il raconte notamment une scène dans un café de Dochamps où l’on chante et où l’on danse, entre autres une maclote dont il donne la partition (c’est la maclote de Steinbach – merci à Jacqueline Servais qui l’a immédiatement reconnue).

 

P.27 :
En face du café des Aglirs, un va-et-vient inaccoutumé. Cédant à la curiosité et, sans doute davantage, au désir de revoir des figures amies, j’entrai dans l’établissement.

– Saint nom du Père ! Qui voilà ! Monsieur Banneux ! fait le Quêke, les bras en l’air. A la ronde, je serre des mains calleuses; ils sont vingt, trente peut-être qui ont suivi une vente d’immeubles. L’animation et la gaîté générales décèlent une générosité notariale : les litres de “peket” se seront succédé au grand dam du vendeur, car tous savent, souvent par expérience, que les tabellions n’ont pas l’habitude de jeter l’argent par portes et fenêtres.

A un aussi chaleureux accueil je réponds comme il sied :

– Donnez un litre, Honorine. Un second suivit.”

Et p.43, où Martin est un “ancien violoneux retiré des affaires” :

Je fais encore servir un litre et cela me vaut une fête complète.

Le boute-en-train a retrouvé soudainement sa vigueur. Les chaises et les tables sont poussées de côté; sur l’une d’elles, trônant mieux que jadis, Martin, à qui l’on vient d’apporter son stradivarius, pince les premières mesures de la Pastourelle. Toutes les vieilles danses y passent : la petite Française, l’Amoureuse et l’Anglaise.

Toujours ce Théo :

– Une maclotte pour Monsieur Banneux.

Et je dois, complétant l’un des quatre couples, marquer le pas quand il faut, m’incliner en cadence, exécuter avec grâce le chassé et le déchassé.

A votre intention, amis lecteurs, et pour obtenir le pardon de ma propagande alcoolique, j’en ai soigneusement noté le rythme.

(Suit la partition, que nous ne reproduisons pas ici)

Marc Bauduin

 

(article paru dans le Canard Folk de janvier 2022)